La bouche pâteuse
J’ai du tartre sur mes dents.
J’ai les gencives sèches. La langue âcre.
J’ai la gueule pleine d’aigreur.
Mes lèvres se plissent. Mes sourcils se hissent.
Mes clavicules épousent l’antipathie.
Aversion instinctive s’applique.
Je suis pétrifiée.
Tu m’énerves; tu m’hérisses; tu me crispes; tu m’exaspères.
Pourquoi tant de tentatives pour une cause morte? Pour le fondement d’une extinction. Pour le ressort d’un décès, d’une expiration.
La confiance?
Peut-être.
Cependant, les espérances ont une date d’échéance.
On attend qu’elles croulent. Et c’est tout.
C’est notre crampon : avoir espoir.
On peut remâcher sa bile. L’extraire ou la spéculer.
Il arrive néanmoins une occasion où l’on transpire la lucidité.
L’humiliation, l’injustice, l’amertume : c’est révolu.
La fausse humilité, l’acceptation, suit ensuite son cours.
On prend son trou,
On régurgite et,
On digère.