GP

Un journal pas intime

La bouche pâteuse

J’ai du tartre sur mes dents.
J’ai les gencives sèches.  La langue âcre.
J’ai la gueule pleine d’aigreur.
Mes lèvres se plissent.  Mes sourcils se hissent.
Mes clavicules épousent l’antipathie.

Aversion instinctive s’applique.

Je suis pétrifiée.

Tu m’énerves; tu m’hérisses; tu me crispes; tu m’exaspères.
Pourquoi tant de tentatives pour une cause morte?  Pour le fondement d’une extinction.  Pour le ressort d’un décès, d’une expiration.

La confiance?
Peut-être.
Cependant, les espérances ont une date d’échéance.
On attend qu’elles croulent.  Et c’est tout.
C’est notre crampon : avoir espoir.

On peut remâcher sa bile.  L’extraire ou la spéculer.
Il arrive néanmoins une occasion où l’on transpire la lucidité.
L’humiliation, l’injustice, l’amertume : c’est révolu.
La fausse humilité, l’acceptation, suit ensuite son cours.
On prend son trou,
On régurgite et,
On digère.

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C’est nous

Toi et moi.
Moi et toi.
Avec le temps, on saisit.
Avec le temps, on apprend et on grandit.
Avec le temps,
Toi et moi,
Moi et toi.

Quand va-t-on enfin être périmé?
Nul ne le sait.

Ta bouche me fait trembler.
Tes doigts, tressaillés.
Je suis bien.  Je suis sous l’emprise de tes pupilles.
Même si c’est un jeu de cartes, un jeu de table ou un jeu de billes,
Je suis bien,
Toi et moi,
Moi et toi.

Compliqués
Et corsés ;
C’est nous!

Peu importe les dispositifs,
Peu importe le négativisme,
Peu importe les éléments relatifs,
Peu importe le scepticisme,

C’est nous.
On le refera,
Encore et sans moue,
Avec peur et tracas.

Et probablement que ça nous apparaîtra
Sans contrecoups,
Sans queue de poisson au bout,
Mais on le sentira.

J’ai confiance.
C’est quand même toi et moi.
C’est quand même moi et toi,
Et un un futur, laissé à outrance.