Pressure cooker
par GP
T’avais les yeux ronds comme un bébé qui pète pour la première fois.
Surpris. Abasourdi. Sourdine.
Pourtant, tu me connaissais bien.
Tu savais que je prends deux laits dans mon café.
Tu savais le code de mon iPhone et le nom de jeune fille de ma mère.
Tu savais ce que t’avais à savoir pour que je ne t’apparaisse pas comme une sauvageonne.
Je repassais mes jeans.
Pour avoir l’air propre. Et bien mise.
Pour ne pas attirer les regards des gens qui aiment jaser.
Qui aiment divaguer et fabuler. On dit potiner.
Je lavais mes cheveux tous les jours, et ça sentait la noix de coco.
Je ne me tenais pas trop droite non plus.
C’est suspicieux, les gens qui se tiennent trop droits.
Balais aux fesses n’ont pas cœur au ventre.
Tu connaissais ce que t’avais à connaitre.
Pas le blanc, pas le noir. Le gris. Le juste milieu.
Le posé. Le responsable. Le soucieux.
Et je me tenais là.
Dans ta cuisine.
Avec tout tes couteaux.
Quand tu as su.
Que tu ne savais pas, finalement.
J’avais les jeans fripés et la bouche en sang.
Les mains en sang. Le trench en sang.
Et un regard que tu ne connaissais pas.
Dans mes yeux : des étoiles. Des pétards.
De la joie de vivre.
Je les avais enfin tous dévorés, ces petits cons.