Smarties; vol.II

par GP

Je me sens coupable.  Coupable parce que ça ne me tente pas de mettre mes bottes et de m’imposer la camisole de force qu’est mon manteau.  C’est sans parler de mon foulard.  Je me sens coupable parce qu’il fait moins tentre.  Qu’il fait moins trente et que je commence à être pompette.  Être pompette à moins trente, c’est moins attrayant.
Alors.  Je reste devant mon MacBook.  À tapper et me sentir coupable.
À l’intérieur, il fait 23°C.  Tu serais couché dans le salon.  Et, je ne m’en renderais pas compte.
Je t’aimais tellement.
Tu le savais?  J’espère tant.
Je t’aimais.  Je t’aimais.  Je t’aimais.
Aujourd’hui, en arrivant ici, j’ai eu des bleus.  J’ai eu les
blues de toi.
Toi qui bave près du bloc à boucher.
Toi qui jappe aux lumières des étoiles.
Toi qui grogne aux flocons.
Toi qui somnoles aux bruits incandescents.

C’est mon premier hiver sans toi depuis si longtemps, depuis presque les deux tiers de ma vie.

J’irai à ta tombe demain.
Je te parlerai.
Je te dirai, de vive-voix, que je m’excuse de ne pas être passée hier.
Je te conterai.  Tout.
Je bâillerai sur ta décomposition.
Je serai avec toi.
Avec tes lambeaux grugés par des vers.
Du moins, avec ce qu’il me reste de toi.
Demain, je te saluerai.
Smarties.
Demain, promis.
Je t’aime.

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